Depuis la révolution sexuelle des années soixante suivie de l’ère David Bowie, la figure androgyne est apparue de façon récurrente en haute couture. Notion platonicienne combinant des caractéristiques traditionnellement associées au masculin et au féminin, l’androgynie réfère à une fluidité des genres qui ne cherche pas à faire consensus.
L’évocation de cette figure à l’identité ambiguë allait de pair avec le climat social et incarnait un besoin de s’émanciper des attentes liées aux genres et au potentiel de procréation.
Plus récemment, certains designers se tournent vers une nouvelle approche des genres, soit la mode unisexe. Rad Hourani perçoit l’unisexe comme une forme de démocratisation du vêtement, qui n’est dorénavant pas destiné à une démographie spécifique, et dont le design est inclusif et « libre de nations, genre, âge, race, limites et prédispositions ».
Voici cinq créateurs de vêtements unisexe !
Sur le point de graduer en design de mode, le Torontois Spencer Badu a récemment lancé sa marque de vêtements unisexe, incluant une collection de vêtements nommée « Post Gender Future » (futur post-genre). Le designer a collaboré avec l’Instagrammeuse @_____neva afin de mettre en valeur ses créations qui sont en tons de noir et blanc, combinant effets mats et luisants, poches et fermetures éclair et incorporant fréquemment le lettrage carré retrouvé dans le logo. La collection cherche à outrepasser l’hybridité androgyne, tendant vers ce que Badu nomme le post-genre —un contexte où la marginalisation de certaines identités sexuelles devient hors de propos.
Tel que mentionné dans de nombreux articles, la personne derrière la marque 69us a choisi l’anonymat, car ses vêtements se veulent universels et « sans genre ». Travaillant principalement avec le denim, le lin et les effets oversize et drapés, le designer anonyme propose une petite sélection de morceaux disponibles en deux à trois tailles et textures. Se soustraire à l’oeil du public, c’est aussi faire le choix de laisser place à divers mannequins et artistes de tous horizons afin de promouvoir la marque. L’artiste multimédia Maegan Stracy a contribué à la plus récente vidéo Instagram.
La chaîne Weekday offre les mêmes modèles de jeans pour tous, et l’une de ses collections, MTWTFSS/HE, comprend uniquement des morceaux unisexe. Sur le blog de Weekday, l’on insiste justement sur ce caractère unisexe, et non androgyne de la collection: ce que l’on propose n’est pas un espace liminaire, ni une polarisation des genres, mais plutôt un vêtement dessiné afin de mettre en valeur la personne qui le porte, peu importe le corps et l’identité. La photographe Frida Vega n’est pas la seule à avoir un coup de coeur pour les vêtements Weekday !
La neutralité est au coeur de la démarche artistique de l’artiste multidisciplinaire Rad Hourani. Sa collection de vêtements unisexe est l’un des médiums lui permettant d’explorer cette notion, qui est pour lui un moyen de déconstruire les structures sociales qui nous divisent. Les vêtements structurés de Rad Hourani incarnent donc un refus de conformisme qui ne se limite pas au genre. Testés et approuvés par le rappeur Cakes da killa (et Kanye West !).
Comme quelques designers nommés précédemment, Paula Gerbase refuse l’emploi du terme « androgynie » quand elle dresse le portrait de sa démarche créative pour 1205 Studio, elle lui préfère « unisexe ». Selon elle ce terme évite d’attribuer des caractéristiques féminines ou masculines à la personne portant le vêtement. S’intéressant à l’architecture et aux textures inusitées, Gerbase réalise des vêtements dont la coupe est élégante et sans fioriture, et où se marient agréablement transparence et opacité, aspects soyeux et laineux. L’Instagrammeuse Alexis Foreman apprécie l’effet plissé, qui apparaît de manière récurrente dans la plus récente collection.
Portez-vous des vêtements unisexe ?